Le dodécaphonisme
A peu près au moment où la première représentation à Paris en 1913, du Sacre du Printemps de STRAVINSKY bouleverse le monde artistique, l’Autrichien ARNOLD SCHOENBERG (1874-1951) établit les principes du dodécaphonisme, musique « sérielle », fondée sur l’emploi systématique des douze sons de la gamme chromatique, présentés dans un ordre préétabli et immuable abolissant toute notion de tonalité. Son Pierrot Lunaire (1912) en apparaît comme la première illustration marquante. Ses compatriotes, ANTON WEBERN (1883-1945) et ALBAN BERG (1885-1935) dont l’opéra Wozzek (1925) révolutionne le théâtre lyrique, deviennent ses disciples. Pendant un certain temps, BELA BARTOK (1881-1946) se laisse entraîner dans cette voie. IGOR STRAVINSKY, même, dans sa dernière manière, sacrifie à cette nouvelle technique. L’Allemand PAUL HINDEMITH en subit également l’influence.
Le jazz
Dans le panorama de la musique au XXe siècle, on ne peut passer sous silence deux de ses aspects très particuliers, l’un vocal, le negro spiritual, l’autre essentiellement instrumental, le jazz, nés tous deux aux États-Unis.
Sorte de cantique religieux d’une profonde nostalgie, le negro spiritual amalgame des éléments empruntés aux complaintes ancestrales et aux chorals protestants anglo-saxons. Postérieur au negro spiritual, le jazz apparaît à la Nouvelle-Orléans dans les premières années du XXe siècle. Les rythmes syncopés et heurtés, l’emploi de nombreux instruments à percussion, le sentiment très fruste – voire barbare – qui se dégage de cette musique frénétique et hallucinante, provoquent un vif intérêt dans l’Europe d’après 1918, et influencent incontestablement l’écriture traditionnelle. L’Américain Georges Gershwin (1898-1937) a même utilisé, sans guère les adapter, des fragments de musique de jazz dans des œuvres d’un style parfois discutable conçues pour un orchestre symphonique classique (Rhapsody in Blue, Un Américain à Paris) ou pour la scène (Porgy and Bess).
Les recherches actuelles
En ce milieu du XXe siècle, nul ne peut prévoir vers quelles destinées s’orientera désormais la musique, tant foisonnent les courants les plus opposés. De la classe d’Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris, sont issus de jeunes compositeurs d’avant-garde, tel Pierre Boulez, qui tentent de renouveler les aspects de la musique. La jeune école italienne compte également à l’heure actuelle de nombreux représentants : Luigi Dallapiccola tout acquis au dodécaphonisme, et Gian-Carlo Menotti fidèle à l’écriture classique, symbolisent les deux tendances principales. La musique anglaise, en sommeil depuis le XVIIIe siècle reprend du prestige avec Vaughan Williams et Benjamin Britten. Dans tous les pays d’Europe, comme outre-Atlantique, se manifeste une vive intensité créatrice qui abolit 1es cloisonnements d’écoles nationales.
Après l’introduction dans l’écriture de l’atonalité, de la bitonalité et de la polytonalité, des recherches de sonorités se poursuivent, parfois dans la confusion. Apparition de nouveaux instruments, mélange de timbres inédits et insoupçonnés jusqu’ici, stylisation et synthèse des bruits aboutissant à la création d’une musique dite concrète, d’une musique électronique, fort éloignées des aspects traditionnels, laissent présager une transformation de nos habitudes musicales. Mais ces techniques scientifiques, qui élargissent le champ des connaissances humaines, ne pourront jamais supplanter l’art véritable, expression des nuances les plus secrètes et subtiles de la sensibilité et de l’émotion.